Présentation

Le droit des brebis

 Mon adresse couriel est :  ernymathieu@gmail.com

Merci aux ethnologues Guillaume  Lebaudy et  Anne Marie Brisebarre qui m’on fait ce texte d’introduction.

Depuis plusieurs années, le berger Mathieu Erny alimente régulièrement un blog (mathieuerny.unblog.fr) avec des textes inspirés par une réflexion personnelle sur son métier. Son nom, Le droit des brebis, annonce clairement la couleur. Il s’agit de défendre le pastoralisme ovin extensif, de faire reconnaître le travail des éleveurs et des bergers, et de rétablir l’équilibre entre les perceptions d’un monde sauvage survalorisé et très protégé, et celles d’un l’élevage ovin stigmatisé et contraint par les préoccupations environnementalistes.

Teintées d’idéologie, depuis une vingtaine d’années ces dernières sont devenues de plus en plus moralisatrices. Profitant d’une tyrannie de l’émotion relayée par certains médias et leaders d’opinion, les associations et organismes environnementalistes ont beaucoup agit pour imposer de nouvelles normes dont l’adoption s’est faite quasiment sans aucun débat public. Une pensée unique finira-t-elle par régenter toutes les activités ayant une incidence environnementale ?

Le pastoralisme, souvent sous le feu de l’actualité en période estivale (pour le « spectacle » des transhumances, mais aussi par les effets de la prédation sur les troupeaux d’ovins, quand ce n’est pas à cause d’incidents entre touristes et chiens de protection) est de plus en plus encadré, au point que certains éleveurs se sentent « sous surveillance ». Il importe que cette activité ne soit pas cantonnée à être un patrimoine ou, pire, une tradition folklorique. Il importe aussi que son rôle environnemental n’oblitère pas sa mission première de production. Le pastoralisme joue un rôle écologique important, il est un outil majeur pour lutter contre les incendies, il a un impact décisif (et très ancien) sur les paysages. En Méditerranée, ces derniers font d’ailleurs l’objet d’un projet d’inscription au patrimoine mondial (UNESCO). La multifonctionnalité du pastoralisme est indéniable, pour autant elle ne doit pas signifier son instrumentalisation et sa mise sous tutelle.

Dans une période où la place et la légitimité du pastoralisme sont de plus en plus contestées dans tous les massifs français, il nous a semblé intéressant de publier ce texte. Nous avons peu l’occasion d’entendre ou de lire les praticiens de ce métier, dont la parole est souvent couverte par celles des journalistes, des scientifiques ou des techniciens. Il est rare en effet qu’un berger prenne la plume pour témoigner de son vécu et nous livrer son analyse des enjeux du pastoralisme contemporain.

Mathieu Erny est berger. Formé à l’Ecole du Merle à Salon-de-Provence, il a fait l’estive en alpage pendant plus de dix ans dans les Alpes du sud,  période durant laquelle il a été confronté à plusieurs reprises à des actes de prédation du loup sur le troupeau dont il avait la garde.

Anne-Marie Brisebarre, ethnologue, directrice de recherche au CNRS, Laboratoire d’Anthropologie sociale (Paris).

Guillaume Lebaudy, ethnologue, membre de l’IDEMEC (Institut d’Ethnologie méditerranéenne et comparative), Université de Provence, Aix-en-Provence.


Publié dans : Non classé | le 22 novembre, 2009 |2 Commentaires »

Ca n’a pas de sens

Dans les disputes qui opposent les militants pro-prédateurs aux bergers et éleveurs, on voudrait nous faire croire que nous sommes en infériorité par rapport à une association écologiste dont les bonnes intentions sont assurées par le but non lucratif.

Mais une association sans but lucratif est constituée de personnes qui gagnent leur argent d’une autre façon, rarement sans impact sur la nature. C’est ainsi que, souvent, ils ont besoin de s’acheter une bonne conscience et ce marché est florissant.

Ce n’est pas ainsi que l’on peut avoir une action bénéfique sur notre environnement mais en tâchant de faire des actions justes à tout moment. Un artisan qui produit des meubles solides et beaux n’utilise pas les ressources de la nature en vain. Son travail durera plusieurs générations et pourra être revendu le cas échéant. Les ressources naturelles auront le temps d’être régénérées avant qu’il n’y ait besoin de remplacer ce meuble.

Lorsque donc on prétend « remettre les bergers à leur place » en leur rappelant que le but de leur activité est de produire de la viande et gagner de l’argent, je me dis tant mieux ! Nous sommes quittes de prendre le prétexte de « sauver la planète » pour faire tout et n’importe quoi.

Notre activité lucrative nous préserve de cette énorme présomption alors que le WWF par exemple a certes une activité à but non lucratif et vit de dons mais il garde une mentalité de banquiers. Leur façon de procéder est basée sur la financiarisation de la nature avec des dérives bien connues.

Férus l’association pro-prédateurs n’est pas plus une structure de défense de la biodiversité que ne l’est un berger avec ses moutons et ses chèvres car elle ne cherche le développement que de trois espèces de prédateurs qui font fantasmer les humains et dont l’impact positif sur notre environnement naturel n’est pas du tout plus évident que celui des troupeaux. Ce n’est pas une valeur absolue.

Gilbert Cochet, un militant écologiste radical est connu pour sa petite phrase « l’homme même avec ses troupeaux n’a jamais créé la moindre orchidée ». Tant mieux, ce ne sont pas les nombreux bergers qui combattent les OGM qui diront le contraire. Un naturaliste non plus n’a jamais créé la moindre orchidée. D’où vient cette idée ? Les bergers seraient trop stupides pour comprendre ce que signifie « favoriser la biodiversité » ? Je n’avais jamais entendu des paysans prétendre que leur activité avait créé des espèces naturelles avant la diffusion de cette petite phrase.

D’où vient alors l’idée que les troupeaux auraient pu créer des espèces d’orchidées ? Eh bien de Gilbert Cochet lui même et de ses semblables. Ces écologistes radicaux passent leur temps à démontrer que la nature sauvage ne peut être que de foret. De fait, ce serait même le cas de la steppe ou de la savane s’il n’y avait pas d’herbivores or ce n’est pas non plus l’homme qui à inventé le pâturage. A force de nier l’existence des milieux naturels ouverts, Gilbert Cochet s’est trouvé dans une impasse ne sachant comment expliquer les espèces naturelles spécifiques de ces milieux et s’est alarmé qu’on puisse penser que c’est l’homme avec ses troupeaux qui les a créées.

Cette façon d’idéaliser la foret se retrouve très fort dans les arguments en faveur du loup. On nous dit que grâce à ces prédateurs, il y aurait enfin une régulation des herbivores sauvages qui décimeraient les forets. Pourtant, les articles abondant dans ce sens font référence à la sylviculture, rarement à la foret naturelle. Pour la sylviculture, il en va de même que des autres cultures, les dégâts des herbivores sauvages sont réels. Mais pour la nature sauvage comment la juge t’on ? Il faut savoir que par ailleurs, dans les programmes très interventionnistes qui accompagnent le retour du loup, on réintroduit et favorise le développement d’herbivores dans des endroits ou le loup pourrait manquer de nourriture. On ne juge donc pas comment le loup est utile mais comment être utile au loup et les conséquences de tels programmes sur le reste de la biodiversité n’est pas, à priori, plus bénéfique que le pastoralisme.

Le pastoralisme n’a pas pour but de préserver la biodiversité ou sauver la planète et c’est tant mieux tant ces considérations sont aléatoires mais, en plus du travail incontestable (lui) d’entretien de notre environnement, le pastoralisme a une réelle « mission » dans notre société dont je ne doute absolument pas de ses répercussions positives y compris en matière de biodiversité.

Lors du festival de film « pastoralisme et grands espaces » a été projeté un film « grazy » ou étaient filmés différents débats sur le loup. Une représentante de France Nature Environnement qui n’avait rien d’une « ultra-écolo » y prenait la parole très calmement pour exposer une idée qui semblait évidente pour elle. Elle comprenait les éleveurs qui parlaient d’endroits ou la prédation était devenue insupportable et sa réaction était qu’il fallait donc envisager d’abandonner certains pâturages.

Cette idée qui semble à certains consensuelle me fait bondir.

L’intérêt du pastoralisme extensif que pratiquent les bergers est d’effacer les clôtures, les cloisonnements. Un berger qui fait pâturer l’orée des forets et entretient les clairières accepte par ailleurs les bosquets ou les mares dans les espaces ouverts. S’il ne peut plus faire pâturer les forets et la broussaille il intensifiera l’exploitation des terrains qui lui restent, coupera les bosquets pour que le loup ne s’y cache pas, asséchera les mares. N’y a t’il pas suffisamment de dégâts en ce sens pour vouloir en rajouter ? L’opposition entre nature et culture se figera sous forme d’une frontière imperméable entre les deux espaces ou le pastoralisme n’aura de toute façon plus sa place.

Lors de la même séance un autre film était projeté « La bergerie des Malassis » sur un habitant de cité HLM qui avait créé une bergerie associative et faisait pâturer une poignée de moutons et chèvres aux pieds des HLM. Cela était suivi par un débat sur le thème « Le pastoralisme, une opportunité pour nos sociétés en quête de sens ? »

Oui, le pastoralisme extensif a du sens. Il combat directement et concrètement les cloisonnements. Le pastoralisme est en mesure de donner une raison d’être à un no man’s land. Les pâturages extensifs sont, pour le berger, des terres à protéger notamment de la spéculation tandis qu’un espace naturel protégé, en étant considéré comme un patrimoine naturel, n’est pas assuré de demeurer un milieu vivant car un décret, un règlement sont subis passivement. En matière de sens ils sont inertes et c’est le début d’une autre logique, celle de la financiarisation de la nature avec ses capitaux naturels et même des dividendes.

Si l’on se pose la même question par rapport au loup, quel sens peut-on trouver à son retour, quelle philosophie peuvent porter les militants pro-prédateurs ? il s’agit surtout de tolérance du « vivre ensemble » que serait sensée développer la fameuse « cohabitation ».

Or cette idée est en échec car les organisations militantes pro-prédateurs préfèrent utiliser le fameux prétexte de sauver la planète pour justifier l’autoritarisme et l’arbitraire.

On nous dit que le pastoralisme n’est pas le seul utilisateur des espaces naturels, le tourisme serait bien plus rentable. C’est cet aspect qui nécessiterait d’avoir des grands prédateurs car les touristes en seraient friands.

D’abord, il faut savoir de quels touristes on parle car les nombreux randonneurs qui sillonnent les montagnes depuis des décennies ont aujourd’hui peur des chiens de protections des troupeaux d’une façon significative pour le chiffre d’affaire des professionnels du tourisme.

Mais pourquoi vouloir confronter tourisme et pastoralisme ? Eh bien parce que les touristes c’est un peu tout le monde alors que les bergers ne sont qu’une minorité.

Le tourisme ne serait pas une exploitation de la nature ? Ses interactions négatives avec le pastoralisme ne se produisent que suite à de mauvais comportements. Cela n’est-il jamais le cas par rapport à la nature ? Si on fait au lynx le même coup qu’au loup, s’en servir comme appât à touristes, il disparaît.

Aujourd’hui, même les militants pro-prédateurs utilisent le prétexte de la rentabilité pour dénigrer le pastoralisme. La boucle est bouclée et c’est bien par l’argent que les apprentis sorciers de l’écologie prétendent donner ou retirer du sens au pastoralisme ou à la nature. Or retirer du sens tout le monde sait le faire aujourd’hui, mais en trouver c’est une autre paire de manche car il ne faudrait pas s’imaginer que ce qu’on détruit d’un côté servira à renforcer l’autre. Non, c’est autant de perdu pour tout le monde !

La défense du pastoralisme se développe de plus en plus. Certes, elle prend souvent la forme d’une lutte anti-prédateurs ce qui peut choquer. Mais notre société a abandonné tant de ses valeurs qu’elle n’est plus capable de proposer un engagement authentique pour la nature. Elle se raccroche donc à quelques faire valoir comme le loup qui ne sont pas réellement convaincants.

Par contre, la mobilisation pour le pastoralisme a déjà motivé les bergers à se préoccuper de leurs collègues nomades dans d’autres continents, à se rapprocher des bergers sans terre d’Europe de l’est confrontés à un jeux de Monopoli géant et à afficher leurs solidarité pour les communautés traditionnelles de chasseurs cueilleurs dont on voudrait nous faire croire qu’ils n’ont plus de place dans le monde actuel que comme figurant pour touristes.

Ce combat est évidemment positif.

Mathieu Erny

Publié dans : Non classé | le 19 décembre, 2018 |Pas de Commentaires »

Manifeste de P.A.N

Les femmes et les hommes qui ont choisis le métier de berger le font avec passion pour la vie animale et végétale.
Pourtant, il se trouve que notre profession est devenue le symbole d’une résistance «anti-nature».
Le mot de résistance est juste car c’est avec conviction qu’il nous faut lutter contre la perversion de l’idée de nature. En effet, nos écrans de télévision et d’ordinateurs sont saturés d’images et de films sur la vie sauvage sur lesquels le peintre Magritte aurait pu écrire «ceci n’est pas la nature».
La défense de l’environnement n’a de raisons d’être qu’a cause des dégâts qu’il subit. Trop souvent les défenseurs et réparateurs de l’environnement suivent la même logique que ceux qui le détruisent et sont financés par ces derniers.

Dans ce contexte, la politique d’accompagnement du retour du loup prend la forme d’un néocolonnialisme à l’encontre des bergers. Dans la culture du pastoralisme, on a toujours du composer avec la nature spontanée et un certain degré de prédation. Cette tolérance aurait pu être développée pour qu’il soit possible d’accepter davantage de prédateurs. Cette option a été balayée par une société qui ne comprend ni la nature, ni la tolérance et qui a imposé le loup par la force.

Nous les bergers, travaillons sur des espaces de marge entre la nature dite sauvage et les terrains exploités par l’homme. Ce sont des endroits ou l’on sait encore ce qu’est la liberté. Ils constituent un milieu naturel à part entière, en nier la valeur écologique est aussi aberrant que de nier l’intérêt de la savane ou de la steppe.
La broussaille par exemple y tient une place que l’on ne reconnaît pas dans les espaces protégés. La végétation spontanée s’y adapte aux contraintes qu’elle rencontre or la nature c’est ça.
Selon un communiqué de France Nature Environnement : « En métropole, les surfaces de grands espaces toujours en herbe diminuent. Les milieux dits « ouverts », constitués des prairies, pelouses sèches et pâturages constituent le premier milieu détruit par l’artificialisation, avec près de 52 000 ha perdus entre 1990 et 2012. » Il s’agit là de pâturages extensifs. Par ailleurs, on a récemment appris dans le journal télévisé que nos campagnes ont perdu en quinze ans un tiers de leurs oiseaux du fait de la disparition des friches et des insectes qui y habitaient. C’était un système incluant le pastoralisme.

L’ authenticité du métier de berger est aussi très fragile. En nous imposant la présence du loup, notre société s’imaginait qu’il suffirait d’indemniser les dommages du prédateur. Or nous refusons que l’on fasse perdre son sens à notre métier.
Bien qu’ayant encore récemment été exploité de façon diffamatoire*, le montant des aides et des indemnisations que l’état verse aux éleveurs est impressionnant et peut laisser croire qu’il y a là une manne qui profite confortablement aux paysans. Pour quelqu’un qui ne croit plus en l’avenir du pastoralisme cette façon de voire les choses n’est pas fausse, laisser attaquer ses bêtes peut être rentable. Mais pour ceux qui se battent pour empêcher le prédateur d’attaquer afin de garder et transmettre un troupeau serein qui a confiance en son berger, le compte n’y est pas du tout. Le fait que ce sont les premiers qui servent de référence pour prétendre que la cohabitation avec le loup est profitable montre qu’il y a là l’intention de prostituer le pastoralisme.

On nous dit que nous ne sommes plus les pasteurs traditionnels d’autre fois, mais nous n’avons pas vocation à être des figurants pour les touristes. Devrions nous accepter avec confiance la bienveillante condescendance de nos contemporains alors que nous viennent de partout dans le monde les échos du génocide culturel des peuples pastoraux?

Celui ci a lieux dans une grande discrétion car il utilise encore une fois le prétexte de l’écologie.

Un grand mouvement international se dessine qui veut réensauvager la planète. Il séduit même les plus grands pollueurs du monde car il implique qu’en dehors des espaces naturels protégés on peut détruire toute la nature dite ordinaire, les espaces protégés n’en seront que plus extraordinaires. Ce projet est une aubaine pour tous les hommes de pouvoir puisqu’il implique que chaque parcelle de terrain doit être maîtrisée, classée et faire l’objet d’un titre de propriété. C’est ainsi que les nomades sont de plus en plus persécutés et que les communautés traditionnelles de chasseurs-cueilleurs sont considérées comme des braconniers.

Le loup est utilisé comme moteur de ce « rewilding » car tout le monde sait qu’il véhicule énormément de fantasmes. On ne connaît que trop bien ceux du passé, négatifs pour le loup et qui permettent de se persuader que ceux qui sont critiques par rapport à son retour sont des arriérés.

C’est aussi la meilleure façon d’ignorer le poids énorme des fantasmes positifs pour le prédateur ou même les scientifiques perdent leur objectivité.

Si on regarde les films mettant en scène le loup ou un autre animal sauvage, on remarque que le fantasme c’est de l’apprivoiser.

Or que devient dans une société qui consomme du sauvage, un animal apprivoisé? Il n’a guère plus d’intérêt qu’un de ces chiots qui, une fois adultes, sont abandonnés sur le bord de la route parce qu’ils sont devenus moins naïfs, moins drôles. Pourtant, il y a autour de nous des centaines de milliers d’êtres animaux ou humain, qui demandent, eux, à être apprivoisés. Si tout ceux qui ont des dispositions dans ce sens avaient la bonne idée de choisir un métier d’éducateur, la vie serait belle.

Nous les bergers, cela fait 6000 ans que nous restons fidèles à l’engagement contracté par nos ancêtres à tous envers les animaux domestiques et c’est toujours un métier passionnant.

Le rôle de régulateur de la faune attribué au loup est dérisoire en France ou les gestionnaires d’espaces naturels ne sont pas d’accord entre eux pour savoir si les effectifs d’herbivores sauvages sont trop abondants ou au contraire insuffisants et ou l’on cherche à avoir pour les réguler un prélèvement très précis.

Le seul animal qui soit capable de donner une indication de la bonne santé des espaces naturels est le chien de protection. Lorsque sa présence est acceptée peut se développer la tolérance pour la nature spontanée. C’est malheureusement très loin d’être le cas.

Même s’il faut relativiser son efficacité, le chien est le seul véritable moyen de protection des troupeaux. C’est également la seule innovation due à la présence du loup qui respecte la nature du métier de berger. Les autres gadgets tels que clôtures symboliques ou effaroucheurs sont une perte de temps. Ils ne servent que de faire valoir.
Il faut également préciser que les clôtures ne sont pas non plus des moyens de protection. En ce sens, elles ne servent qu’a optimiser le travail des chiens.
Ces derniers se sont bien développés dans nos campagnes, compte tenu du fait que nous sommes confrontés à infiniment plus de tourisme qu’en Turquie ou au Tibet. C’est dire que les éleveurs ovins ont réellement pris au sérieux la protection des troupeaux et cela malgré le fait que les associations pro-loup qui en faisaient la promotion voyaient avant tout dans ces gardiens la meilleure façon de rendre le pastoralisme impopulaire.

Depuis le jour de la signature de la convention de Berne il y a plus de quarante ans, le chien de protection des troupeaux avait une raison d’être suffisante pour que son élevage soit soutenu et encouragé.
Or il n’en est toujours rien 25 ans après le retour du loup chez nous. Le chien de protection est tout juste subventionné ce qui n’est pas la même chose car les seuils de subventions ne permettent pas l’acquisition de chiens sélectionnés, éduqués et suivis.
Il faut savoir qu’il faut quatre années pour qu’un éleveur ovin parvienne à constituer une meute de chiens de protection équilibrée or ces derniers ne sont subventionnés que dans les zones de présence du loup.
Au lieux de développer l’anticipassions des problèmes, les services de l’état cachent les renseignements qui permettraient de prévoir la colonisation de ce prédateur. Ainsi, lorsque la présence du loup est enfin officiellement avérée dans un secteur, c’est un moment de crise qui laisse des séquelles. C’est le fameux état d’urgence avec tout l’arbitraire, la précipitation et l’amateurisme que l’on connaît.
La présence de chiens de protection dans les lieux fréquentés par les randonneurs est une contrainte énorme pour les bergers et il est proprement scandaleux que l’état ait à ce point ignoré sa responsabilité.

Par ailleurs, si la politique de défense des troupeaux était elle aussi plus volontariste, elle aurait déjà permis d’éliminer les loups à problème qui pullulent et dont les origines semblent de plus en plus suspectes.

L’assurance des scientifiques prétendument spécialistes du loup que l’état a écouté pour prendre ses décisions n’a jamais été que du bluff. Depuis 1992 le taux de prédation des troupeaux n’a jamais changé ce qui signifie très clairement qu’en visant le nombre officiel de 500 loups en 2023 l’état accepte un chiffre de 16000 animaux domestiques tués par ce prédateur par an or nous savons qu’a ce moment là, ce seuil sera encore augmenté.

Au diable les discutions stériles sur le nombre de loups qu’il faudrait avoir en France pour une population viable car si vraiment le loup est revenu naturellement d’Italie, le premier individu présent en France faisait déjà partie d’une population viable. Les discutions doivent se concentrer sur la résilience du pastoralisme afin qu’il demeure un système vivant et sain.

Stop au secret qui permet aux décideurs des services de l’état d’intervenir (et surtout de ne pas intervenir) sur le problème du loup sans avoir besoin de se justifier.

Nous mettons en garde, le temps est compté. La situation se dégrade inexorablement de jours en jours. Ce qui était possible hier ne l’est plus aujourd’hui. Ce qui reste possible aujourd’hui ne le sera plus demain. Il est urgent que nos concitoyens comprennent que l’acceptation du prédateur est à présent essentiellement leur affaire et que, à l’heure actuelle, ils ne méritent toujours pas le loup.
Mathieu Erny président de P.A.N

* L’appel de 30 personnalités Pour une vraie protection du loup et de la nature en France. Paru dans France Soir le 1 Juin 2017 qui prétend qu’une brebis tuée par le loup est indemnisée 9500 euros et que 19 millions ont été dépensées pour les indemnisations en 2016 en France. Il demandait que cet argent serve aux moyens de protection alors que ce chiffre est justement celui du budget des moyens de protection. Celui des indemnisations était alors de 3 millions. Parmi les signataires il y a une ancienne ministre c’est donc dire que ce n’est pas une erreur de débutants mais un mensonge caractérisé.

Publié dans : Non classé | le 10 décembre, 2018 |Pas de Commentaires »

Miracle

 

 Depuis quelques temps on diffuse sur internet une vidéo sur les changements (évidemment bénéfiques) que connaît le parc de Yellow Stone depuis la réintroduction du loup. https://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/l-incroyable-equilibre-de-la-75469

La version en Anglais est carrément drôle, avec un côté mystique très marqué qui voit la main de Dieu dans ces changements et en parle avec un enthousiasme extatique. La version en Français retient tout de même que c’est un miracle.

La vidéo, dont on ne saura pas sur quelles études elle est basée, nous explique tout un enchaînement d’espèces animales qui régressent par la présence du loup ce qui favorise le développement d’autres espèces animales ou végétales qui elles mêmes font régresser d’autres espèces ce qui permet à d’autres encore de se développer et ceci est toujours systématiquement favorable à la biodiversité. Le point d’orgue est que ces changements auraient des répercussions (positives bien sûre) jusque sur les cours d’eau.

Comment parviens t’on a juger ce qui est positif ou négatif dans la nature ? Dans les espaces exploités par l’homme on peut le faire facilement, ils ont étés aménagés pour être les plus favorables à la production végétale et par contre coup, animale. On les arrose, on les draine etc… mais dans la nature, il y a des terrains secs, humides, accidentés (et c’est une des vertus du pastoralisme de pouvoir les utiliser sans avoir besoin de les modifier). Comment faut il les juger ?

Ce dont il faut se souvenir c’est que si ces vidéos sont si largement diffusées c’ est pour soutenir le retour du loup chez nous or en France nous n’avons nulle part d’endroits comparables au parc de Yellow Stone. La préservation de la nature chez nous ne peut se faire que de façon ciblée.

Comment se fait il que la prédation du loup sur la faune sauvage soit systématiquement jugée favorable par les environnementaliste alors que les chasseurs (humains) sont constamment critiqués du fait qu’on attend d’eux un prélèvement très précis du gibier ? Le loup ne peut pourtant pas en faire autant.

La chasse sportive est très critiquée, ce qui signifie que globalement on en voudrait moins. Pourtant, dans la réalité, c’est de ne pas tuer assez que l’on accuse les chasseurs. Je n’ai jamais réussi à comprendre cette contradiction.

Publié dans : Non classé | le 19 décembre, 2017 |Pas de Commentaires »

ADN, ADN tout n’est qu’ADN

Je fais un petit résumé de la façon dont on a utilisé la « science », la vraie, la génétique dans le débat sur le loup.

Vu la très haute technologie que consistent les analyses ADN, leur résultats seraient incontestables. Du coup, se cristallisent autour des positions simplistes et caricaturales, des mots d’ordres pour les argumentaires.

Ainsi, j’ai entendu depuis vingt ans que le retour naturel du loup est incontestable puisque les analyses ADN effectuées prouveraient qu’il est bien d’origine Italienne, même lorsqu’il s’agit d’un loup trouvé dans les Pyrénnées.

Et alors ? Un loup Italien ne peut pas être capturé et relâché ailleurs ?

On m’a certifié que non, le loup Italien serait trop malin, lui, contrairement à d’autres origines. Entre temps, j’ai pu remarquer que ceux qui me répondaient ainsi bluffaient ou, plus certainement, ne s’étant jamais posés la question, s’étaient auto-persuadés que la science avait rejeté cette hypothèse.

Le fait est que le chevrier Bruno Lecomte qui a fait plusieurs enquêtes en vidéo a, lui, trouvé des preuves du contraire.

Bref, on ne pouvait pas avancer la moindre objection sur la thèse officielle, les partisans du loup, couvraient votre voix.

J’avais également du répondre, sur un blog anti-pastoral, à un article qui prétendait qu’il existait une « étude qui change tout » concernant la prédation comparée des loups et des chiens divagants, le sujet des dégâts de chiens était de tout temps utilisé pour relativiser la prédation des loups. Il a donné lieux à des estimations si grossièrement fantaisistes qu’elles sont la preuve la plus évidente que les associations militantes n’ont aucune objectivité même lorsqu’elles ont pignon sur rue.

La fameuse étude qui change tout consistait à prélever de l’ADN sur des crottes de grands canidés, afin de différencier des chiens ou des loups et de voire ce que chacun mange. On trouve essentiellement de la viande d’animaux domestiques dans les crottes de chien et des reste d’animaux sauvage dans les crottes de loups. Cette étude confirme donc bien … qu’un chien mange de la viande. Mais elle ne nous dit rien sur ce que chacun de ces canidés a tué lui même. Il est tout à fait normal qu’un chien nourrit par son maître ait à manger de la viande d’animaux domestiques et sur des charognes de ces derniers, les chiens reviennent jusqu’à ronger les os alors que le loup ne mange souvent que le contenu de la cage thoracique des animaux d’élevage qu’il tue, parfois il n’y touche même pas.

Donc on a beau faire appel à la science la plus sophistiquée, encore faut il savoir quoi en faire.

L’utilisation des analyses ADN que l’ONCFS a faite a donné lieux a une interprétation si simpliste que cela a éveillé des soupçons chez les bergers et les éleveurs.

Dans le même temps, il se préparait discrètement au niveau du parlement européen une loi visant à accorder aux hybrides chiens/loups, la même protection que pour les vrais loups.

Ce projet, repéré in extrémis, avait provoqué de vive réactions dans le monde de l’élevage et a été modifié. A l’époque, Luigi Boitani, la référence mondiale sur le loup, c’était exprimé avec beaucoup d’élégance disant que la rumeur sur l’existence d’hybrides qui commençait à se diffuser chez les éleveurs ovins était une idiotie. Ah bon ? Mais alors quel est l’idiot qui a voulu leur protection ?

Les éleveurs ont donc voulu en avoir le cœur net et un collectif s’est créé pour faire une contre enquête avec des prélèvements d’ADN de prédateurs sur les animaux tués. Celle ci donne un résultat radicalement différent de l’enquête de l’ONCFS, a croire qu’en matière d’analyse génétiques, on trouve … ce que l’on cherche. La totalité des analyses effectuées par les éleveurs donne comme résultats soit des hybrides chiens-loups, soit des loups d’une autre origine qu’Italienne. Donc, selon la version officielle, ils ne seraient pas là naturellement et ne sont donc pas à protéger.

Une confrontation va avoir lieux avec les différents protagonistes dont les deux laboratoires d’analyses génétiques mais d’emblée, les certitudes de la version officielle sont battues en brèche.

En attendant, je me pose quand même la question : Pourquoi les pro-loups tiennent ils tant au discours officiel ? En effet, il me semble clair que l’on soutient telle ou telle version selon qu’on est pour ou contre le loup. Or en comparant ces analyses, je vois des hypothèses qu’on aurait tout intérêt à vérifier, qu’on soit d’un camp ou d’un autre.

L’importance de ces analyses, ce n’est pas qu’une race serait plus dangereuse qu’une autre, mais il y a de fortes chances qu’un loup lâché artificiellement soit né en captivité et n’ait pas été éduqué à la chasse par une meute. Un hybride non plus n’a pas reçu cette éducation qui est stricte et on peut supposer que c’est pour cela qu’ on les retrouve parmi les individus à problème qui attaquent le bétail et dont toute les personnes qui s’expriment ouvertement conviennent qu’il faut les éliminer.

Ce serait là peut être le début de la solution concernant les vrais loups.

Finalement, on peut se poser la question si la protection du loup a un sens en elle même ou si c’est juste une façon de parvenir au « rewilding », le fameux projet de réensauvagement que certains spéculateurs ont réussi à développer moyennant un fort lobying au sein des instances Européennes. En clair, cela signifie confisquer aux paysans les pâturages extensif et la foret afin que les puissants puissent avoir la maîtrise de la nature à l’instar de l’oxygène qui fait aujourd’hui l’objet d’un marché.

Publié dans : Non classé | le 4 décembre, 2017 |Pas de Commentaires »

L’argent du loup

Souvent, en évoquant du budget lié à la protection du loup, on parle de « l’argent du loup ». Ca paraît drôle comme ça, pourtant il n’est absolument pas inutile de rappeler que le loup n’a pas de compte en banque. Il faut croire que la présence du loup dans les comptes et dessins animés a effectivement laissé des traces profondes dans notre imaginaire. Le loup n’a pas d’argent ce sont les pouvoirs publiques qui décident des subventions. Donc, lorsque l’on prétend que le loup a permis la création de nombreux emplois de bergers, c’est faux. Ce sont les pouvoirs publiques qui les payent et ils le feraient même s’il n’y avait pas de loups. Parce que le pâturage extensif entretient l’environnement, évite les incendies, et est indispensable pour la préservation de la biodiversité. La fédération France Nature Environnement a publié un communiqué alarmant sur la perte de biodiversité en France en disant que le plus préoccupant était la disparition des milieux ouverts (prairies naturelles, pelouses sèches, steppes ) qui dépendent du pâturage. Le fait de prétendre que c’est la protection du loup qui a permis de maintenir ce genre de pâturages a des effets pervers dans la mesure ou les zones sans loups n’en bénéficient pas alors qu’elles ont tout autant besoin d’être pâturées. On nous dit que le loup est une chance car dans les accords internationaux on ne peut plus subventionner l’agriculture comme avant alors que par le biais de l’écologie c’est possible. Alors pourquoi s’en priver et subventionner les postes de berger partout ou il y en a besoin au lieux de faire croire que cela est du à la générosité du loup ?

Publié dans : Non classé | le 6 juin, 2017 |Pas de Commentaires »

Un livre d’un paysan militant

Que n’y ai je songé plus tôt à faire de la publicité pour le livre de mon collègue Patrice Marie et par la même occasion de l’éditeur Cardère spécialisé dans le pastoralisme.

http://cardere.fr/pastoralisme/136-le-berger-jean-veymont-conteur-indigne-9782914053969.html

Publié dans : Non classé | le 6 avril, 2017 |Pas de Commentaires »

Un régulateur de la faune sauvage

Parmi les arguments en faveur du retour du loup il y a celui de la régulation naturelle de la faune sauvage. Grâce à ces super-prédateurs, on n’aura plus besoin des chasseurs pour réguler les sangliers, cerfs et chevreuils dont on nous dit, depuis que le loup est de retour, qu’ils sont en surnombre. C’est presque à croire que c’est le loup qui fait proliférer les herbivores sauvages puisque avant son retour les écologistes parlaient plus souvent de leurs sous effectifs. Entre temps, ces militants ont donc prêté une oreille plus attentive aux problèmes de la sylviculture. Et bien sûr, ce sont les sangliers, les animaux qui font le plus de dégâts aux cultures, qui seraient la principale espèce régulée par le loup.

En même temps, on nous explique que le loup est un animal opportuniste qui va au plus facile pour chasser. Croyez vous vraiment que le sanglier soit le plus facile à tuer pour un prédateur ? Déjà, on sait que c’est un animal très fort, imposant, qui charge défenses en avant. Mais en plus, la technique de prédilection du loup pour tuer est d’étouffer sa proie en mordant le cou. Ce n’est pas possible pour le sanglier. Toutefois, ce n’est certes pas moi qui vais prétendre qu’il est « scientifiquement prouvé » qu’une meute ne peut pas s’en prendre à un sanglier  car je sais que les loups savent tuer des bovins et des équidés mais c’est tout de même bien plus rare que les moutons.

Dans les informations que je reçois régulièrement sur la prédation du loup sur la faune sauvage, je n’ai jamais vu ou entendu parler de sangliers. Aussi, même dans un contexte ou la faune sauvage serait en sur-population, la prédation du loup occasionnera un déséquilibre en s’en prenant plutôt aux chevreuils qu’aux sangliers qui n’ont pas besoin de ce favoritisme pour proliférer. Là encore, les théories qui valent pour une nature complètement sauvage ou se rajoutent bien d’autres paramètres que ceux que retiennent les arguments militants, sont obsolètes chez nous, en France.

Publié dans : Non classé | le 3 mars, 2017 |1 Commentaire »

Phobies

 

Sur ce sujet des phobies humaines envers les animaux, les supposition non vérifiées des écologistes peuvent être réellement dangereuse pour la protection de la nature. L’exemple des vautours est assez parlant. Un présupposé largement répandu des écologistes militants veut que ce nécrophage soit victime de son aspect répugnant lié à la charogne. Or, des spécialistes de cet animal comme l’ornithologue Jean Pierre Choisy, pourtant radical dans sa conception de l’écologie, reconnaissent que les supposées superstitions sur ce charognard n’existent pratiquement pas. De fait, lorsque des Pyrénées a commencé à se diffuser la rumeur que des vautours s’en étaient pris à des animaux vivants, j’ai fait une recherche sur internet pour savoir comment de part et d’autre était présenté ce phénomène. Tout le monde et surtout les sites proche des paysans, expliquaient que ce comportement était anormal et que la cause en était un changement de législation en Espagne qui faisait que les cadavres des animaux d’élevage ne devaient plus être laissés à disposition des charognards. On a donc affamé les vautours qui sont devenus plus pressant dans leur recherche de nourriture. Or la réaction méprisante des écologistes intégristes a fait dégénérer la situation. Il était impossible pour ceux qui ont un a priori contre les paysans de ne pas se saisir de cette rumeur pour présenter les éleveurs comme des éradicateurs. Ce faisant, ils ont désigné eux même le vautour comme bouc émissaire pour ceux qui en avaient besoin. Avec ce genre de débat, la situation ne peut que dégénérer. De fait, lorsque les écologistes prétendent avec toute l’assurance du scientifique « éclairé » que les vautours ne peuvent en aucun cas tuer un agneau, comment les croirais-je moi qui ai vu de simples corneilles tuer des agneaux nouveau nés. Mais ce que je sais également, c’est qu’en montagne, un agneau nouveau né dont la mère reste indifférente a de toute façon peux de chance de s’en sortir. Malheureusement ceux qui se complaisent dans la polémique on sorti le débat de ce contexte très simple.

 

On pourrait passer des heures à comparer les phobies supposée des paysans sur la nature… et celles des citadins « éclairés » je voudrais juste encore évoquer le cas de la souris.

On dit que les animaux que l’imaginaire présente d’une manière négative sont persécutés par l’homme. Or même ceci est faux. La souris par exemple jouit d’une image très positive. C’est un animal très mignon que tout les contes ou dessins animés présentent avec bienveillance. Or tout le monde tue des souris (ou les fait tuer), y compris les écologistes et je sais de quoi je parle. Pourtant il est plus facile de cohabiter avec une souris dans son bureau qu’avec un loup dans ses pâturages.

Les paysans auraient donc une peur irrationnelle du loup ? Ben quand même pas au point de grimper sur sa chaise en hurlant.

 

Croyances.

Pour en finir avec l’irrationnel, abordons encore le thème des croyances et de la religion.

Quand l’historien Jean Marc Moriceau a entamé son travail de recensement des attaques de loups sur l’homme, il a été et est toujours violemment critiqué non pas sur sa technique qui est irréprochable mais tout bonnement parce que chercher sur ce sujet passait pour une imposture.

Comment peut on prétendre que vérifier une rumeur serait de l’obscurantisme ? JM Moriceau montre de façon tout à fait convaincante qu’au moyen âge ou à l’époque de la bête du Gévaudan, le petit pâtre était de loin l’animal le plus facile à tuer. S’il gardait des bovins, ce sont souvent eux qui l’on défendu. Pourquoi alors le loup se serait détourné d’une proie si facile ?Un des argument pour décrier ce travail est que les registres de décès étaient tenus par les curés et que ceux ci étant des hommes de religion, leurs notes ne seraient pas fiables. Lorsque je vois comment l’information peut être diffusée ou interprétée aujourd’hui, je ne pense absolument pas que nous soyons en reste en matière de manipulation par rapport à cette époque. Cet a priori part du principe que tout ceux qui nous ont précédés sont des imbéciles. Je ne pense pas qu’une vision objective peut se construire sur de telles bases, surtout lorsqu’il s’agit d’une tâche administrative. C’est donc bien le rôle d’un historien de respecter des sources aussi nombreuses et cohérentes et de les examiner.

On prétend que les autorités religieuses auraient inventé la peur du loup et l’aurait diffusée dans les campagnes. On trouve bien évidemment de nombreux exemple ou le loup a été diabolisé mais cela est assez naturel si le peuple le craignait déjà du fait de la situation qu’il vivait. Pour ce qui est de l’accusation d’une manipulation des autorités religieuses, la première question devrait être :« pourquoi choisir le loup comme incarnation du mal plutôt qu’un animal plus dangereux ?». Or la réponse semble bien être qu’il n’y avait pas plus dangereux. Ensuite, il suffirait de chercher si la diabolisation du loup était plus forte dans les grands textes théologiques voir dans la bible ou si on la trouve plutôt dans la légende dorée des saints ou dans les contes populaires et là je crois que c’est évident. Je ne suis pas érudit sur la question mais dans la bible, il ne me semble qu’il n’y a guère que la prophétie : « Le loup pâturera avec l’agneau. » pas de quoi en faire un diable. Dans les légendes des saints, on trouve autant d’anecdotes positives pour le loup comme celle de Saint François d’Assise civilisant un loup agressif que d’histoires négatives. Par contre, les contes populaires du moyen âge portent une grande peur du loup. Cette peur vient donc bien de la base et ne s’est pas installée artificiellement par l’œuvre de quelque manipulateur.

 

Publié dans : Non classé | le 22 février, 2017 |Pas de Commentaires »

Les effaroucheurs se suivent et se ressemblent

 

Depuis le début de février on trouve, largement diffusé sur internet, un nouveau produit pour protéger les troupeaux des loup appelé « fox light ». http://www.nicematin.com/environnement/cet-eleveur-des-alpes-de-haute-provence-a-trouve-un-systeme-ingenieux-pour-eloigner-le-loup-de-ses-betes-10264

Basé sur des flashs lumineux, il a été mis au point en Nouvelle Zélande, haut lieux de l’élevage extensif du fait que sur cette île, il n’y a jamais eu de grands prédateurs… et donc de patous. Parce qu’il faut d’emblée noter que cet instrument efficace contre les renards peut être gênant pour tout le monde y compris les patous qui défendent les troupeaux en Europe et les brebis elles mêmes.

En fait, quand on lit l’article écrit comme une campagne de publicité par Nice matin à la demande de l’association pro-prédateurs FERUS, on se rend compte qu’il n’a pas du tout été écrit pour convaincre les éleveurs d’adopter le fox light. Cela aurait demander une autre communication que celle d’un marchand de gadget. Il a été rédigé uniquement dans le but de faire croire à l’ensemble de la population que les solutions existent.

 Il faut régulièrement ce genre d’effet d’annonce pour qu’on oublie les techniques d’effarouchement déjà existantes aux quels plus personne ne croit. Vous imaginez vous vraiment qu’en 24 ans on n’a pas pensé à ces histoires de lumière? Il fut un temps, certains bergers laissaient la nuit un poste radio à côté du troupeaux pour avoir toute sorte de sons humains dont des conversations. Un jour quelqu’un est venu leur dire qu’on avait inventé la parade incontournable contre le loup : l’ effaroucheur. Un appareil qui reproduit des sons humains de manière aléatoires. Ca allait changer radicalement la face du pastoralisme, on n’en entend plus parler. Peut être faudrait il lui trouver un nom anglais pour refaire une campagne de publicité ?

C’est ma conviction que cette campagne n’est pas faite pour convaincre les éleveurs mais pour mettre la pression sur eux et je suis persuadé que cette façon d’agir, comme c’est souvent le cas sur ce sujet, est contre-productive. Elle sème l’irritation chez les éleveurs et les bergers et accroît la tension bien justifiée concernant la présence du loup.

Déjà, cela fait ricaner ce grand titre dans Nice matin qui dit « Cet éleveur a trouvé un système ingénieux… »

alors que tout le monde sait très bien que les promoteurs de cet outil ont du chercher Cent sept ans un éleveur qui accepte de tester ce système. Mais un professionnel ne prendra pas au sérieux un outil que l’on a donné à tester en octobre et dont on prétend tirer les conclusions début février.

Il y a plusieurs points à considérer. Premièrement, ces effaroucheurs « doux » n’éloignent le loup que dans la mesure ou il est surpris et qu’il préfère tenter sa chance sur un autre troupeau. Globalement la prédation ne diminue donc pas. Si cet effarouchement était définitif, évidemment, il suffirait d’équiper tout le monde et la prédation baisserait. Or ceci n’est même pas vrai pour la technique bien plus sérieuse des chiens de protection. Une étude américaine montre que lorsque tout les troupeaux d’une région donnée sont équipés de patous, les attaques reprennent chez les troupeaux qui étaient préservés dans un premier temps grâce à la présence des chiens.

Le loup s’habitue bien sûr et une technique « soft » qui n’a jamais causé de frayeur ou de douleur au loup est dérisoire.

Nos spécialistes en « cohabitation » nous disent donc que pour garder l’efficacité des différents effaroucheurs et autres clôtures symboliques, il faut les changer régulièrement. Le problème c’est que chaque fois que le loup passe outre à l’un de ces sois disant effarouchement il franchit un degré dans la familiarité avec l’activité humaine et ne la craint plus. Si on alterne plusieurs techniques d’effarouchements douce, cela repoussera un peu plus longtemps le moment ou le loup passera outre mais à ce moment là, on aura vraiment un loup à problème car on l’aura éduqué, par des obstacles toujours à sa portée, à l’attaque des troupeaux.

Ce problème de l’accoutumance des loups est évoqué par des éthologues comme Jean Marc Landry mais il est difficile à mesurer.

Aujourd’hui utiliser des effaroucheurs à tout vas est aussi dangereux que de prendre des médicaments à mauvais escient… et de se retrouver avec des antibiotiques qui n’ont plus d’ efficacité.

Publié dans : Non classé | le 19 février, 2016 |1 Commentaire »

Réponse à Fabrice Nicolino

Le journaliste écologiste Fabrice Nicolino ressort, pour préparer la manifestation contre les tirs de loups du 16 janvier à Lyon, un texte écrit l’an dernier sur son blog  : « Ce que nous n’avons pas su faire » http://fabrice-nicolino.com/?p=2155

Ce texte d’un écologiste engagé est intéressant parce qu’il cumule tout les leurres de l’écologie.

Citons d’abord le paragraphe qui m’a décidé à réagir :« En quelques mots, mon sentiment. Un, la défense de la biodiversité est un devoir, élémentaire, et ce devoir nous oblige tous. Donc, on ne lâche rien. Deux, il est sûr que la cohabitation avec les activités humaines pose de vrais problèmes, peut-être davantage sur le plan psychologique que matériel. Trois, une très forte majorité de l’opinion française souhaite la présence des grands prédateurs sur notre territoire. Quatre, la question ne saurait être discutée qu’au plan national, car le fond de l’affaire est national, et même planétaire. »

Oui, la défense de la biodiversité est importante et c’est là que l’aveuglement de Fabrice Nicolino est sidérant. Il se réjouit que : « L’un des paradoxes de la situation, c’est que la France moderne des routes, autoroutes, et d’internet, est redevenue sans le dire un pays sauvage. Mais oui ! Qui se promène beaucoup n’ignore pas la révolution des paysages en cours. La déprise agricole a libéré des millions d’hectares, qui ont changé de destination en deux générations au plus. »

Est-il difficile de comprendre que c’est tout un milieu qui est entrain de disparaître, celui des pâturages extensifs, avec leurs maigres broussailles, les haies, les pelouses sèches etc… ? Tout cela pour récupérer en échange une seule espèce qui fait fantasmer tout le monde mais est moins essentielle à la biodiversité des campagnes qu’une espèce d’insectes .

Marre de ceux qui ne reconnaissent que des problèmes psychologiques à la présence du loup. Si on « relativise » tout les problèmes rencontrés par les bergers, on relativisera aussi l’importance de la nature selon les besoins du moment. On peut tout relativiser.

« Une très forte majorité de l’opinion française souhaite la présence des grands prédateurs sur notre territoire ». Quelle blague ! Les Français répondent positivement aux marchands de naturalité! Se dire favorable aux loups est si facile pour estomper la culpabilité de notre société par rapport à la nature, mais il serait bien plus juste de savoir si les français méritent ce loup. Je sais parfaitement que ce n’est pas le cas, ils ne supportent pas les patous par exemple.

« La question ne saurait être discutée qu’au plan national, car le fond de l’affaire est national, et même planétaire. »C’est exactement pour cela qu‘un grand nombre d’ agriculteurs ont élus un agri-manager directeur de multinationales de l’agro-alimentaire, faisant de l’import export, président du syndicat majoritaire. C’est en se disant comme Fabrice Nicolino que seule une personnalité internationale qui n’aurait pas un accent trop régional sera respectée. Notre société crève de la condescendance avec laquelle elle traite les populations locales. Les terres des Bushmen ou des pygmées deviennent des sites protégés sans qu’ils ne soient consultés ou qu’ils n’aient un siège d’administrateur.

Enfin, Fabrice Nicolino sort son fameux «  grand pacte national ». Les paysans étant minoritaires dans notre société et touchant des subventions, ils auraient des comptes à rendre et devraient se soumettre aux volontés des urbains. Mais à qui vont les subventions ? Est ce qu’on dit d’un médecin ou d’un pharmacien qu’il est subventionné ? C’est le consommateur qui est subventionné et ce sont les paysans qui auraient des comptes à demander. Ce sont eux qui sont indispensables, malgré le fait qu’ils soient une minorité et parmi les paysans, ceux qui pratiquent le pastoralisme et que Fabrice Nicolino vise tout particulièrement sont ceux qui auraient le plus de comptes à demander. Les éleveurs ovins extensifs sont parmi les plus subventionnés… mais parmi ceux qui gagnent le moins. Ont ils vraiment, eux, des comptes à rendre à des consommateurs qui dans une très grande majorité achètent le produit d’élevages hors sol ? Ah bien sûr ! ce type d’élevage ne craint pas le loup, nous y voilà.

L’état subventionne donc le consommateur pour quelques bonnes raisons, l’autonomie en nourriture, au niveau de la planète cela permet un équilibre puisque sans subventions, la viande que nous mangerions viendrait de l’ex foret amazonienne.

Sélectionner les bons paysans, c’est un peu comme lorsque les colons voulaient promouvoir les « bons nègres ». Non, il n’y a pas besoin de s’afficher pro-prédateur pour être écologiste, parce que nombre de paysans ont une acceptation de la nature spontanée et des petits prédateurs comme personne d’autre ne peut prétendre. Il n’est pas facile du tout d’arriver à cet équilibre avec la nature et le loup le compromet souvent. N’a t’on pas vu récemment les écologistes intégristes de l’ASPAS prôner, avec campagne de dénigrement à la clef, des clôtures de bétails domestiques totalement étanches à toute faune sauvage ? Qui est intolérant ?

S’il y a une crise écologique, elle ne vient pas du fait que les paysans auraient trop de pouvoir, mais bien du fait qu’ils sont sous représentés. Affaiblir encore le pastoralisme en le soumettant à des conditions mis en place par des technocrates à des fins écologistes est un leurre semblable à celui des américains du nord qui pensent que pour faire baisser la criminalité il faut que les citoyens soient plus armés. De même, l’écologie moderne est un produit de la civilisation hyper productiviste, sécurisée, technocratique que nous connaissons, comme la charité est le produit de la sur-consommation. Elle est sur la même longueur d’ondes et n’apporte aucune solution.

Publié dans : Non classé | le 29 décembre, 2015 |3 Commentaires »
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